Derrière les belles photographies de voyage se cachent bien souvent une population locale et un environnement parfois fragile mis à mal par la fréquentation touristique. Chaque voyageur doit prendre conscience qu’il a sa part de responsabilité. Autant, il est facile d’imputer aux autres la responsabilité des effets et des comportements qu’on observe. Autant, analyser et remettre en question ses propres actes est bien plus ardu. Pourtant, cette prise de conscience est la première étape indispensable pour adapter son comportement et voyager de manière plus écoresponsable.

À l’heure où le tourisme devient un bien de consommation comme un autre, il est urgent de repenser notre façon de voyager. Le changement ne viendra pas de la société ou des gouvernements mais bien de chaque individu. Il est facile de se cacher derrière la responsabilité collective mais comment peut-on demander aux autres de changer si on n’est même pas capable de changer soi-même. La solution est d’être soi-même le changement qu’on voudrait que le monde soit

Avant d’entreprendre notre voyage en Indonésie, on avait déjà une forte sensibilité pour la protection de l’environnement et une aspiration à découvrir de nouvelles cultures de façon la plus authentique et respectueuse possible. Ces deux facteurs ont forgé notre volonté d’agir à notre niveau pour voyager de manière plus écoresponsable en Indonésie. Un pays dont l’environnement est soumis à une pression croissante par la surpopulation et la fréquentation touristique. Alors, certes, au final on n’a sans doute pas “vu” plus de choses en 2 mois que ce que beaucoup de personnes “voient” en 3 semaines. Mais, on n’a sans doute pas vécu la même chose non plus. Des expériences qui ne laissent pas toujours de belles photos à poster sur Instagram mais qui peuvent parfois changer le cours d’une vie.

Voyager de manière écoresponsable implique souvent de sortir de sa zone de confort et parfois de surpasser ses propres craintes. C’est aussi éviter l’écueil et l’illusion de vouloir tout faire et tout voir. Si toi aussi, tu es prêt pour voyager de manière écoresponsable en Indonésie, voici notre retour d’expérience.

RESPECT DE LA CULTURE ET DE LA VIE LOCALE

1. S’informer sur les us et coutumes du pays

S’informer au préalable permet de mieux comprendre et donc respecter la culture locale une fois sur place. Même si on ne t’en tient pas rigueur dans les lieux touristiques, le respect des traditions est apprécié par les habitants qui se montrent souvent reconnaissant en retour. Cela ouvre la porte à de belles rencontres.

En Indonésie, il est toujours bien vu de :

  • Se déchausser avant de rentrer dans une habitation
  • Apprendre quelques rudiments de la langue (salutations, chiffres, etc.). L’Indonésien offre l’avantage d’utiliser l’alphabet latin et une prononciation proche du français, alors ça facilite les choses.
  • Bonjour : Salam
  • Au revoir : Selamat tinggal
  • Bonne journée : Selamat jalam
  • Comment ça va ? : Apa kabar
  • Ça va bien et toi ? : Kabar baik, Anda bagaimana?
  • Excusez-moi : Permisi
  • Désolé : Maaf
  • S’il vous plaît : Silahkan
  • Merci : Terima Kasih
  • Bienvenue : Kembali
  • Oui : Ya
  • Non : Tidak
  • Combien ça coûte ? : Berapa

La religion a une grande place en Indonésie. Les habitants de Bali sont majoritairement bouddhistes, contrairement au reste de l’Indonésie où ils sont majoritairement musulmans. C’est un élément à prendre en compte dans son attitude et son habillement. C’est d’autant plus vrai si tu sors des sentiers battus.

  • Partout en Indonésie, avant d’entrer dans un temple bouddhiste, il est en général demandé de :
    • Porter un sarong à la taille (ou un paréo) ;
    • Couvrir ses épaules avec un châle ou un vêtement ;
  • À Lombok ou Java, pour rester discret et se fondre dans la population :
    • Éviter les décolletés ;
    • Porter un bas qui descend au moins jusqu’aux genoux ;
    • Éviter le bikini et le top less sur les plages peu touristiques ;
  • À Jakarta (Java) dans les bus :
    • Les femmes doivent montées devant et les hommes à l’arrière ;

2. Sortir des sentiers battus et favoriser l’économie locale

Pour que l’argent du tourisme profite avant tout à la population locale, il ne faut pas hésiter à aller dans les lieux/quartiers moins touristiques et choisir de consommer à des endroits tenus par des indonésiens plutôt que des entreprises étrangères. L’expérience n’en sera que plus authentique.

Concrètement, cela revient à :

  • Privilégier les homestay tenus par les locaux comme mode d’hébergement ;
  • Privilégier les warungs ou les stands de rue pour ses repas ;
  • Éviter les tours organisés qui conduisent souvent à une concentration du tourisme. Il est toujours possible d’organiser son voyage seulement une fois sur place en fonction de ses envies et des rencontres ;

3. S’assurer que les prix proposés soient en adéquation avec le niveau de vie local

S’assurer de payer le juste prix est un élément important du voyageur écoresponsable. Il est nécessaire de prendre le temps de s’informer sur le niveau de vie du pays et les prix. Payer des sommes sans lien avec le coût réel des choses juste parce qu’on n’y prête pas attention (en raison de son propre niveau de vie) finit souvent par entraîner une hausse des prix au détriment de la population locale.

Par exemple, concernant les taxis, il faut savoir que les Balinais se retrouvent aujourd’hui contraint de payer les mêmes prix que les touristes ! À Bali, il nous est arrivé de devoir payer 40 000 roupies pour effectuer 5 km en taxi métré, or cela correspond pour une grande majorité d’Indonésien à un jour de salaire ! Difficile d’imager mettre une telle somme en France. Un de nos hôtes qui aidait à tenir un hôtel sur Gili Meno (Lombok), ne pouvait ainsi rendre visite à ses enfants au village de Senaru qu’une seule fois par mois à cause du prix exorbitant des taxis. Il faut dire que sur Lombok le tarif qui nous était demandé était de 700 000 roupies pour effectuer moins de 50 km, soit plus de 17 jours du salaire moyen !

Il faut donc garder en tête de :

  • Se renseigner sur les prix (pas facile au début car cela vient aussi avec l’expérience) ;
  • Payer le juste prix. Ne pas hésiter à négocier si nécessaire. On ne dit pas ici de sous payer, ni de tout négocier. Tu peux accepter de payer un peu plus que les locaux pour aider, mais pas 2 ou 3 fois le prix ce qui risque à la longue d’entraîner une hausse des prix pour tous.

Quelques exemples de prix en 2016 :

  • Entre 10 000 et 25 000 roupies le plat de Mie goreng ou de Nasi goreng
  • Entre 150 000 roupies et 300 000 roupies une chambre dans une homestay (en juillet-août)

Si tu veux plus d’informations sur les prix de la nourriture, on te conseille de jeter un coup d’oeil à notre article Cuisine indonésienne – Les spécialités culinaires. Pour les transports, on te conseille notre article : Comment se déplacer à Bali à petit budget ?

4. Voyager lentement

C’est plus facile de se plonger dans un pays et de respecter sa culture en voyageant lentement. Pour cela, il ne vaut mieux pas avoir une to-do list longue comme le bras. Cela impliquerait beaucoup de temps dans les trajets, d’enchainer les destinations sans vraiment avoir le temps de contempler, ni de laisser la place aux rencontres.

Voici quelques conseils issus de notre expérience :

  • Avoir juste 2 ou 3 envies en tête
  • Prévoir du temps pour les trajets (et il en faut si tu utilises les transports locaux )
  • Prévoir plusieurs jours dans chaque lieu
  • Revenir au plaisir des choses simples comme découvrir un nouveau plat, flâner dans les rues d’un village, saluer des enfants revenant de l’école, échanger avec un commerçant, etc.

PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

1. Limiter sa consommation de ressources naturelles (bois, eau, électricité, etc.)

Certaines matières premières et ressources font parfois défaut aux populations locales. La pression touristique a tendance à accentuer ces problèmes. Il est donc important de limiter sa consommation au strict minimum. Cela implique bien souvent de revoir à la baisse le niveau de confort qu’on prend souvent comme acquis dans notre société moderne. Il faut accepter de revenir à un confort plus sommaire mais plus proche du mode de vie de la population locale. Comme on dit, il en faut peu pour être heureux:

  • Utiliser une chambre sans climatisation : le réseau électrique étant vétuste.
  • Loger dans des hébergements qui n’ont pas de piscine : l’eau est une denrée rare.
  • Accepter de ne pas avoir d’eau chaude et limiter son temps sous la douche.
  • Garder les mêmes draps et serviettes toute la durée de son séjour dans un hébergement.

2. Manger des produits locaux

Manger les produits issus de l’agriculture locale implique moins de transports et donc par ricochet moins de rejet de CO2. Et puis, bien souvent les produits locaux ne sont pas emballés. Alors, cela fait aussi moins de déchets pour la planète . Ce conseil peut bien entendu s’appliquer à d’autres destinations que l’Indonésie. Mais, le propre du voyageur écoresponsable est qu’il s’adapte aux contraintes de l’environnement qu’il visite. Par exemple, il faut avoir à l’esprit que le végétarisme peut parfois représenter une contrainte supplémentaire sur l’environnement plutôt qu’une solution. Comme en Mongolie où la principale source de nourriture provient du bétail, car la culture de fruits/légumes est impossible en raison du climat. Il n’y a donc pas de solution toute faite qu’il suffirait de copier/coller à loisir quelque soit la destination.

Voici quelques conseils issus de notre expérience en Indonésie :

  • Savourer les jus de fruits frais locaux et de saison (ananas, banane, pastèque) plutôt que les soda ou aux autres boissons packagées. En plus, un bon jus de fruit frais, c’est meilleur et plus sain qu’un soda et cela génère moins de déchet !
  • Acheter ses fruits et légumes dans les marchés ou stands de rue plutôt qu’emballés en supermarché. Tu trouveras assez facilement de la noix de coco et des bananes dans la rue.
  • Ne pas hésiter à tester les desserts indonésiens faits devant toi dans les stands de rue plutôt que packagés en supermarché. C’est souvent une tuerie !

Si ça t’intéresse, on parle plus en détail de la nourriture indonésienne dans notre article : Cuisine indonésienne : les spécialités culinaires

3. Utiliser les transports en commun (bemo, bus, train, etc.), le vélo ou la marche plutôt que les taxis…

Il y a déjà beaucoup de circulation et de pollution en Indonésie. Alors, c’est mieux d’éviter d’en rajouter. En plus, tu paraitras plus accessible pour les locaux qui oseront t’aborder !

À savoir :

  • Java est bien desservi en train et bus de ville (avec la compagnie DAMRI).
  • Lombok a quelques liaisons avec la compagnie de bus DAMRI (Senggigi – Mataram – Aéroport). Pour le reste, c’est plus compliqué. Tu peux tout de même relier certains endroits avec des bemos si tu n’as pas peur d’improviser ensuite (ex : Mataram – Aikmel). Sinon, il existe des navettes pour les touristes entre certains sites (ex : du port de Bengal à Senggigi).
  • Les îles Gili sont accessibles avec un bateau public depuis le port de Bengal (Lombok).

Sur Bali, il est possible de prendre un bus DAMRI depuis l’aéroport. Sinon, en dehors de quelques bus touristiques, il n’est pas aisé de se déplacer.Voici plus d’informations qui pourront t’aider dans cet article : Comment se déplacer à Bali à petit budget ?

4. Limiter ses déchets

Il n’y a pas de traitement des déchets dignes de ce nom en Indonésie. C’est encore plus frappant à Bali, où il y a une forte concentration d’habitants et de touristes. Pleins d’hôtels ont été construits, mais aucun processus de gestion des déchets s’est établi en parallèle. Il n’est pas rare de voir des déchets empilés dans la rue et derrière les remblais. Au mieux, ils sont enfouis dans un trou et brûlés.

Quelques conseils simples à mettre en place pour limiter son impact :

  • Limiter sa consommation de bouteilles d’eau en plastique. Pour cela, il existe plusieurs solutions. À toi de choisir la formule qui correspond le mieux à ta manière de voyager :
    • Utiliser un contenant réutilisable comme une gourde. De notre côté, on est parti avec une gourde Platypus de 2L. Elle ne prend pas de place une fois vide et est ultra légère. Si tu peux te permettre d’être un peu plus chargé, peut-être qu’il est intéressant d’investir dans une gourde filtrante du type Water-to-go.
    • Pour remplir l’eau, la meilleure solution est de demander un gros bidon d’eau potable (réutilisable) à ton hébergement lorsqu’il n’en mette pas spontanément un à disposition. Il est aussi possible de traiter l’eau du robinet en la faisant bouillir (c’est parfait pour le thé !) ou avec sa gourde filtrante ou des comprimés Micropur. Cette dernière solution est celle qu’on a choisi pour les treks et pour dépanner. Il y a juste à mettre le comprimé dans ton contenant et à attendre 30 min. Simple comme bonjour  (PS : on a trouvé que cela ne donnait pas trop de goût à l’eau).
  • Prévoir un torchon en tissu pour essuyer ta vaisselle plutôt que d’utiliser du papier essuie-tout. Le serviette Packtowl Nano a été un de nos meilleurs compagnons de voyage. Elle est vraiment compacte et absorbante.
  • Éviter d’utiliser ou d’acheter des produits emballés ou jetables (ex : couverts en plastiques, gobelets, shampooings, snacks emballés ou soda, etc.). Pour cela, les ustensiles qu’on utilise en trek nous ont bien été utiles. On te conseille notamment d’acheter les verres pliables de Sea-to-Summit.
  • Utiliser un réchaud à essence plutôt que d’acheter des bouteilles de gaz pour le trek car il n’y aucun endroit pour les recycler en Indonésie. De notre côté, on est parti avec le réchaud MSR Universal et sa bouteille pour carburant de 325 ml. C’est suffisant pour 2-3 jours d’autonomie.

5. Respecter la faune et la flore

Parce que la nature est souvent mise à mal en Indonésie par les habitants et/ou le tourisme, il est bon de suivre les mêmes recommandations qu’on pourrait retrouver partout ailleurs dans le monde même si elles ne sont pas explicitement écrites sur place :

  • Garder une certaine distance avec les animaux non domestiques (ex : tortues ou singes);
  • Ne pas nourrir les animaux sauvages;
  • Ne pas marcher sur les coraux;
  • Utiliser de la crème solaire biodégradable, surtout si tu es dans un endroit où il y a des coraux;
  • Rester sur les sentiers dans les parcs naturels;
  • Ne laisser aucun déchet dans la nature notamment en trek (même pas le papier toilette !). Contrairement à la croyance populaire cela inclut aussi les pelures de fruits qui peuvent introduire des maladies ou des bactéries;
  • Si tu passes par un tour organisé pour faire un trek (ex: Rinjani) assure toi du traitement des déchets qui est fait.

Certains de ces conseils peuvent bien entendu s’appliquer à d’autres destinations. Mais, le propre du voyageur écoresponsable est qu’il s’adapte aux coutumes et contraintes de l’environnement qu’il visite. On espère qu’avec ça, tu es toi aussi prêts à découvrir ce pays avec une approche plus écoresponsable. D’ailleurs, si tu as lu cet article jusqu’au bout, tu as déjà réussi la première étape qui est de prendre conscience de son comportement et son impact quand on voyage dans un pays!

Bien sûr, on te donne quelques conseils en accord avec nos convictions qu’on a appliqués pendant notre voyage. Mais on ne détient pas la vérité non plus, alors il y a sûrement plein d’autres solutions qui permettent de voyager de manière encore plus écoresponsable ou de pousser la démarche zéro déchet plus loin. N’hésite pas à nous les partager en commentaire.

Si ce sujet t’intéresse on te conseille de jeter un coup d’oeil à la charte du blog Voyageurs & Voyagistes Eco responsables (V.V.E.) disponible ici :Lien Brochure DoC.

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