La randonnée autour du cratère du volcan Rinjani ne s’annonce pas une promenade de santé. Alors, avant de se lancer à l’assaut du volcan, on se dit qu’un petit échauffement ne nous ferait pas de mal. Mine de rien, il y a presque 3 mois que nous n’avons pas trekké. Après un peu de recherche, on jette notre dévolu sur l’ascension du Gunung Pergasingan. Celui-ci offre un terrain de jeu idéal pour se remettre en condition : 700 m de dénivelé positif sur 3,5 km de marche jusqu’au sommet. C’est l’une des nombreuses montagnes surplombant la plaine du village de Sembalun Lawang. Le sommet devrait donc offrir un joli panorama sur les environs et notamment sur notre prochaine destination : le volcan Rinjani. Pour pleinement profiter de l’expérience, on décide de bivouaquer au sommet. Cela nous permettra d’admirer tranquillement le lever du soleil et du même coup d’économiser une nuit d’hôtel. Le bivouac en Indonésie, c’est une grande première pour nous ! Alors, on a quand même une petite appréhension, car on ne sait pas trop à quoi s’attendre avec les animaux et niveau sécurité.

Les préparatifs

Avant de débarquer en Indonésie, on a renvoyé une partie de nos affaires en France pour s’alléger et être en mesure de se déplacer avec le sac sur le dos. Mais, on a conservé tout notre équipement de camping (tente, matelas, duvet, réchaud, etc.) pour pouvoir justement se lancer dans ce type d’expérience en autonomie. Avec le recul, on ferait de nouveau le même choix, car cela nous a permis de ne pas nous préoccuper de louer du matériel (chose pas forcément possible partout d’ailleurs) et de pouvoir compter sur la qualité de notre matériel. Le revers de la médaille est qu’on a dû supporter le poids de l’équipement le reste du temps lors de nos déplacements.

Avec tout le matériel déjà en notre possession, il ne nous restait donc plus qu’à acheter de l’essence pour faire fonctionner notre réchaud. Chose assez facile en Indonésie, car on trouve une multitude de stands dans les rues qui vendent des bouteilles de carburant pour les scooters. On a donc eu qu’à pointer le bout de notre nez dans la rue devant notre homestay pour trouver notre bonheur.

Top Départ

On se lance en direction de ce qui semble être le départ de la randonnée en début d’après-midi (voir les tips du voyageur pour une localisation plus précise). Au début, on doit traverser un hameau du village de prime abord pas très fréquentable avec des constructions de bric et de broc et des maisons délabrées. On est donc un peu sur nos gardes, car qu’on le veuille ou non, notre couleur de peau est ici synonyme de personne riche.

Les habitants du coin sont encore plus pauvres qu’à Bali. Ils ne semblent pas vraiment profiter de la manne d’argent apportée par le tourisme. C’est à ce moment-là qu’il faut penser que nos actions en tant que touriste font partie intégrante de la solution, que cela soit par exemple dormir dans des chambres chez l’habitant ou acheter de la nourriture dans les stands de rue. Voyager de manière écoresponsable, c’est prendre conscience du contexte particulier du pays dans lequel on séjourne et adapter sa façon de voyager. On a d’ailleurs récemment dédié un article à ce sujet par ICI.

Les enfants qui jouent dans la rue sont en tout cas amusés de notre passage. Ils ne doivent pas voir tous les jours des peaux blanches chargées d’un gros sac sur le dos. Ils semblent en revanche plus habitués à voir des randonneurs ! Du coup, ils nous accompagnent jusqu’au début du sentier. Cet accueil nous met du baume au cœur pour démarrer cette randonnée. Juste avant de rentrer chez eux, ils nous montrent la direction qu’on doit suivre. C’est là où les choses sérieuses commencent…

Ascension du Gunung Pergasingan

La randonnée débute par une série de marche en pierre avant de monter à pic à même la montagne. L’ascension est abrupte sur un terrain glissant. De plus, on sent qu’on n’a pas fait de randonnée depuis quelque temps, car on a bien moins d’entrain qu’en Nouvelle-Zélande. Mais, on réussit quand même à avaler les 700 m de dénivelé en un peu plus de 2h. On a de beaux restes non  ? En tout cas, on se sent revivre après ces semaines passées à Bali au milieu du trafic et de la pollution. On en aurait presque fini par oublier la saveur de porter son sac à dos et marcher dans la nature. Un bonheur simple, mais tellement enivrant !

Les seuls êtres vivants qu’on aperçoit en chemin sont quelques vaches qui broutent dans les champs et un sanglier effrayé qui sort soudainement des buissons à notre arrivée. On met d’ailleurs un certain temps à réaliser qu’il s’agit d’un sanglier, car on ne pensait pas voir ce type d’animal ici ! Par contre, sur le replat du sommet, on distingue très vite le passage des autres randonneurs. Là où les gens campent habituellement, le sol est jonché de détritus. Comment peut-on s’adonner à ce type d’activité et montrer aussi peu de respect envers la nature : égoïsme, m’enfoutisme, différence culturelle, etc. ? C’est un grand mystère pour nous… Il faudrait en tout cas changer les mentalités, car au final ce sont toujours les locaux qui finissent par payer les pots cassés. Le touriste lui n’a qu’à aller voir ailleurs. À ce moment-là, on se demande bien à quoi va ressembler le Rinjani, qui est un peu une autoroute à randonneurs touristes ! On ne se voit pas vraiment dormir au milieu des déchets. Du coup, on décide de longer un peu la crête et la forêt jusqu’à ce qu’on repère un endroit à peu près plat et propre pour y installer notre campement.

Une soirée comme on les aime au milieu de la nature

Comme on n’a croisé personne de la montée, on décide de partir explorer les lieux en laissant derrière nous notre campement. Les sommets des montagnes se succèdent pour former une crête sur laquelle on peut se promener. Malheureusement, en cette fin d’après-midi les nuages d’humidité recouvrent la majeure partie de la plaine. Tout juste peut-on apercevoir une partie des villages et le quadrillage des champs d’agriculture. Le sommet du Rinjani est lui complètement dans les nuages. On a bien fait de bivouaquer au sommet pour se donner plus de chance d’admirer le panorama au petit matin généralement moins nuageux. Mais, la chance nous sourit car en quelques minutes, les nuages se lèvent et dévoilent un panorama à couper le souffle.

On revient de nuit au campement à la lumière de nos téléphones. Non sans se faire quelques frayeurs en traversant les bois, sachant que des sangliers rôdent dans les parages. C’est là qu’on aimerait bien avoir un Obélix sous le bras ! Au dîner pas de sanglier grillé, mais un simple bol de nouilles. Tu sais, LE repas typique du randonneur. Étonnamment, on ne traîne pas à se réfugier à l’intérieur de la tente. En soi, il ne fait pas vraiment froid pour 1600 m d’altitude, sans doute aux alentours de 15oC. Mais, on n’est plus vraiment habitué après 3 mois de températures tropicales. Comme quoi, le corps s’acclimate vite à un nouvel environnement. Il vaut donc mieux prévoir quelques vêtements chauds.

Un panorama grandiose

Au petit matin, on se lève au chant des oiseaux de la prière… Même du haut de la montagne, on entend l’appel des mosquées. Il faut dire que celles-ci pullulent dans la plaine. Résultat, à 4h30 du matin, on est déjà plus ou moins réveillé. Quand on sort la tête de la tente, il fait encore nuit noire et on aperçoit avec surprise au loin sur la pente du Rinjani des centaines de petites lucioles en pleine ascension du sommet. Il faut dire que l’ascension du sommet pour le lever de soleil est LE truc touristique vendu par excellence. Du coup, les gens doivent se retrouver des centaines entassées au sommet, l’expérience doit être quelque peu altérée

De notre côté, on décide de retourner sur la crête pour profiter tranquillement du lever de soleil dans la solitude la plus totale. D’autant que ce matin tout est dégagé, on voit désormais clairement les montagnes qui entourent la plaine. On aperçoit même la mer et les îles Gili au loin. Les montagnes escarpées, verdoyantes et sculptées par l’érosion, tout cela nous rappelle Hawaï !

On en prend aussi plein les mirettes avec le patchwork coloré des champs d’agriculture en contrebas qui recouvrent la plaine.

On s’approche ensuite du côté du Rinjani avant qu’il ne soit caché par les nuages. On découvre alors qu’on n’était finalement pas seul sur la montagne. Il y a en effet quelques touristes accompagnés de guides qui ont campé au milieu des détritus en prenant bien soin de rajouter les leurs… Bref, no comment… De toute façon, notre attention est vite accaparée par le mont Rinjani. On avait bien essayé la veille de discerner sa silhouette dans les nuages, mais en vain. Ce matin, le Rinjani se dévoile entièrement sous nos yeux. Aucun nuage à l’horizon, on est chanceux ! Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le colosse est impressionnant  et en impose avec sa forme conique et son sommet d’environ 4 000m d’altitude ! Cela nous confirme définitivement que son ascension ne sera pas une promenade de santé !

Un retour à reculons

Pour prolonger un peu ce moment de bonheur retrouvé dans la nature, loin de la foule et de l’agitation de Bali, on retourne au campement pour prendre tranquillement notre petit-déjeuner avant de plier bagage et redescendre. Sur le chemin du retour, on a la chance d’apercevoir quelques singes sauvages à seulement quelques mètres de nous. Observer ces animaux dans leur milieu naturel sans aucune barrière entre eux et nous est une belle récompense… C’est le genre de moment où on retombe en enfance l’espace d’un instant!

Rencontres inattendues

Arrivé en bas, on fait un petit détour pour tenter de s’approcher des champs. À notre passage, une chienne et sa ribambelle de petits se mettent à aboyer. On se méfie toujours un peu des chiens, surtout en Indonésie où il y a pas mal de chiens errants. On est tellement focalisé sur les chiens, qu’on est surpris de voir un monsieur sortir de la cabane juste derrière. Il nous aborde le sourire aux lèvres et nous tend fièrement un de ses chiots pour qu’on le caresse. Il faut dire qu’ils sont trop mignons, mais avec la mère à côté qui aboyait, on n’osait pas trop s’approcher ! C’est finalement ça aussi le voyage. Ces petits moments inattendus où on parvient à établir le contact avec des habitants sans même parler la même langue, juste avec un sourire, des gestes ou des regards.

Par la suite, c’est des enfants de retour de l’école qu’on croise. Certains énoncent fièrement des “hello” quand d’autres font “money, money”… Ben quoi, on a un billet collé sur le front ? Malheureusement, il paraît difficile de ne pas avoir cette étiquette quand on voyage en Indonésie en ayant la peau blanche. Après, l’éducation des enfants n’est sans doute pas étrangère à ce type de comportement… C’est vraiment dommage, car cela corrompt totalement les échanges qu’on peut avoir avec eux.

Finalement, on arrive en début d’après-midi à l’hôtel. Après un bon repas, on s’attèle à la préparation du trek du Rinjani. On s’apprêtait à le faire sans porteurs, mais la nouvelle du jour est que maintenant on n’a plus de guide non plus ! Celui-ci ayant changé ses plans à la dernière minute pour accompagner deux jeunes filles prêtes à payer le prix fort. Bref, c’est une autre histoire, on t’en parle dans notre prochain article dédié à notre trek en autonomie sur le Rinjani. Une sacrée expérience !

On ne peut que recommander de faire l’ascension du Gunung Pergasingan. Il s’agit d’un des rares lieux pas encore trop touristiques en Indonésie. L’idéal est de bivouaquer au sommet pour profiter tranquillement du lever de soleil sur le Rinjani et les environs ! C’est d’ailleurs une très bonne alternative pour les voyageurs qui ne se sentent pas de faire le trek du Rinjani, mais qui souhaitent avoir un panorama sur le volcan.

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