Après notre séjour dans le parc national de Cape Range, on a deux itinéraires possibles pour atteindre notre prochaine destination : le parc national de Karijini. Soit on prend la route la plus directe, c’est à dire 620 km depuis Exmouth mais sans ville “majeure” en chemin. Soit on fait un détour par la ville de Karratha. Quel intérêt me diras-tu ? Hé bien, cela nous permet en chemin d’explorer le parc national Millstream-Chichester et d’ajouter un peu de piment à notre road-trip, car il faudrait emprunter une longue portion de la route qui n’est pas goudronnée avec notre van !

Devine quel itinéraire on a choisi… ? Malgré les 200km de route supplémentaire, le deuxième bien entendu! Heureusement, la longue route qui conduit à Karratha nous gratifie de jolis paysages avec le contraste de la terre rouge et de la végétation grise-verte. Les photos ne rendent malheureusement pas justice à la beauté et à l’immensité du paysage !

Outback australien
À notre arrivée à Karratha, sachant qu’on va passer les 15 prochains jours en autonomie totale dans l’Outback, on se dirige directement vers le centre commercial pour se ravitailler en nourriture et à la station service pour faire le plein de carburant et d’eau. C’est l’occasion de remplir des bidons d’essence supplémentaires, car les prix dans l’outback sont à la mesure du coût du réapprovisionnement. Alors le passage à la pompe fait mal au portefeuille avec plus de 120 litres de carburant. Mais bon, il vaut mieux profiter des 1,43$ par litre à Karratha que les 1,8 à 2$ qu’on trouve parfois dans l’outback.

Un développement économique aux mépris des aborigènes ?

La ville est en plein boom économique grâce au développement des mines dans les alentours. On y trouve tout le confort d’une ville moderne, mais sans aucun charme particulier il faut bien le reconnaître. De plus, le développement économique ne se fait pas sans heurt avec les aborigènes. En effet, on a rapidement le sentiment que si un gisement de minerais ou de pétrole est découvert, son exploitation est systématiquement privilégiée par rapport au respect de la terre ancestrale des aborigènes. Le parc national de Murujuga, 100e parc national d’Australie, créé en 2003 sur la péninsule de Burrup en est le parfait exemple. Les contours de ce parc ont été décidés en prenant bien soin d’enlever tous les terrains industriels ou susceptibles de l’être…

Usine sur la péninsule de Burrup

Péninsule de Burrup : Deep gorge

Le parc national de Murujuga est pourtant considéré comme le lieu avec la plus forte concentration d’art rupestre aborigène datant probablement de plus de 30 000 ans ! On profite donc de l’occasion pour aller faire un tour à Deep gorge dans le parc national. L’atmosphère qui règne dans les lieux est vraiment étrange. On déambule au milieu d’une espèce de gorge au creux d’énormes amas de pierres.

On se prend à s’amuser à trouver des gravures plus ou moins lisibles sur ces milliers de roches. Mais, on ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur en se disant que des lieux similaires sont parfois détruits au nom du progrès économique. Que penserions-nous si en France la grotte de Lascaux était détruite pour exploiter une mine de charbon ?

L’Australie pays écologique… ou pas ?

Après nos nombreuses semaines passées en Australie, on commence sérieusement à douter de la réputation écologique de l’Australie. La réalité qu’on constate sur place est bien plus nuancée. Le développement économique notamment avec l’exploitation du sous-sol semble systématiquement privilégié par rapport à la protection de l’environnement. L’exemple le plus médiatisé est bien entendu la mise en danger de la grande barrière de corail avec l’autorisation de forage à proximité. Contrairement aux États-Unis où la création d’un parc national est immuable et ne peut pas être remis en cause, en Australie, cette notion semble à géométrie variable… Comment ne pas être choqué devant la suppression d’un couloir de terrain en plein cœur du parc national de Karijini pour permettre la création d’une mine ?

La conscience environnementale ne semble donc ressurgir que lorsqu’elle est synonyme de manne financière. La création d’un parc national ou d’une réserve attire les touristes dans des régions où ils n’auraient sinon sans doute jamais mis les pieds. La nature est donc désormais un enjeu économique au point de parfois tomber dans son exploitation commerciale plutôt que sa protection. Cette problématique ne se pose bien sûr pas qu’en Australie, mais certaines pratiques dans un pays aussi développé et riche interrogent… Comment est-il encore possible d’autoriser les gens à circuler en 4×4 sur les plages des parc nationaux ? Euh, il n’y a pas assez de plages ailleurs en Australie pour s’adonner à ce loisir ? Si un parc national devient un simple lieu de loisir sans considération environnementale, à quoi bon le déclarer protégé par un parc national ?

Bref, on tenait à partager ce ressentiment pour faire prendre conscience de certaines pratiques qui ne devraient plus exister dans un pays dit développé et dans des espaces considérés comme protégés.

Et toi, qu’en penses-tu ? Quel est ton ressenti sur l’Australie et son rapport à l’écologie ?

Si la culture aborigène t’intéresse, n’hésite pas à jeter un coup d’oeil à notre article sur la face cachée de l’Australie : l’histoire et la culture aborigène.

Deep gorge sur la péninsule de Burrup

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