Kings canyon rim

On a véritablement été ensorcelé par la magie du parc national d’Uluru-Kata Tjuta. Suite à ces derniers jours passés dans le parc, on a pris la décision d’abandonner le projet d’aller sur la côte ouest australienne. Cela nous paraît désormais irréaliste et nous accorderait très peu de temps pour explorer la région du centre rouge. On préfère donc profiter de ce qu’offre cette partie de l’Australie.

Les chemins les plus courts sont rarement les meilleurs…

Nous voilà donc de nouveau sur les routes en direction d’Alice Springs. Mais plutôt que de prendre le chemin le plus court et le plus simple, on décide de faire un détour pour nous perdre encore un peu plus dans le désert. Cela nous permet notamment de visiter Kings Canyon réputé pour proposer une des meilleures randonnées d’Australie. Pour cela, il nous faut parcourir les 320 km qui nous séparent du parc national de Watarrka par la “luritja road“. Le paysage qui défile devant nos fenêtres ressemble à une peinture de maître avec le sol rouge, les broussailles jaunies et les arbres qui font leur retour. Le ciel bleu et la forme des nuages complètent à merveille ce tableau.

Le parc national de Watarrka alias Kings Canyon

On finit par arriver à Kings Canyon en fin de matinée. Malheureusement, on découvre que la randonnée qui a motivé notre venue, la « Kings Canyon Rim walk », est fermée. En fait, les rangers ferment le portillon de départ après 9h du matin lorsque la chaleur est trop importante (plus de 36oC) comme c’est le cas aujourd’hui. Il est vrai qu’avec une telle chaleur, le risque de déshydratation est plus important et que cela peut mener à des conséquences dramatiques. D’autant, qu’il y a eu plusieurs accidents par le passé. Alors, plutôt que de laisser la responsabilité aux gens, ils préfèrent interdire désormais l’accès.

Avec les 320 km qu’on a faits, on est dégoûté ! Et puis cela a tendance à énerver Pierrick, car pour lui, d’accord de prévenir les gens des précautions à prendre, mais de là à interdire l’accès… Surtout que les accidents surviennent dans la quasi-totalité des cas avec des personnes qui prennent des risques inconsidérés et ne suivent pas les précautions de base pour randonner dans le désert : par exemple partir avec une faible quantité d’eau.

On se confronte pour la première fois à l’un des problèmes de voyager dans l’outback australien. En raison de l’isolement, il est quasiment impossible d’avoir des informations avant d’être sur place. Cela ne coûterait pourtant pas grand-chose de mettre cela dans les centres d’information des parcs nationaux des alentours. Enfin bref… c’est la vie. On se rabat donc sur la marche de Kings Creek, au pied des falaises.

La balade de Kings Creek

Durée : 1h
Distance : 2,4 km aller-retour
Difficulté : 1/5

Il s’agit plus d’une promenade que d’une véritable randonnée. Le sentier est au pied des falaises et permet de déambuler au milieu des « gum tree » (eucalyptus) avec leur célèbre tronc blanc et leur feuillage vert. Cette fois, nous n’avons pas la chance de voir de koalas en haut des arbres. De plus, on ne trouve pas cette balade extraordinaire, c’est peut-être dû en partie à la déception de la randonnée fermée. Mais, la plateforme d’observation à la fin de la randonnée donne une super vue sur… rien. En effet, les arbres de la vallée ont dû pousser, car on voit tout juste le sommet des arbres. Du coup, on ne découvre quasiment rien du canyon et de ses falaises ocre.

Nous sommes tous les deux déçus, mais Pierrick encore plus. Il se voyait déjà surplomber le canyon les cheveux aux vents. Alors, après de longues hésitations et une négociation soutenue avec moi, on finit par se décider à outrepasser l’interdiction. On fait donc le plein d’eau et on franchit le portillon de fin de la randonnée de Kings Canyon Rim qui lui est ouvert pour laisser sortir les gens. On aimerait en faire au moins une partie, histoire de ne pas être venus pour rien.

La randonnée de Kings Canyon Rim

Durée : 3 à 4h
Distance : 6 km — boucle
Difficulté : 3/5 (mais prenez vos précautions en cas de chaleur !)

En raison de l’heure à laquelle on démarre, on décide de ne faire qu’une partie de la randonnée. D’autant que la chaleur est désormais écrasante. On progresse lentement en faisant attention de nous hydrater toutes les 15 minutes. Il faut dire que depuis notre séjour dans l’Ouest américain, on a été sensibilisé sur les risques de déshydratation. Il ne faut pas hésiter à faire des pauses à l’ombre si nécessaire.

On finit par atteindre le plateau qui offre un panorama qui n’est pas sans nous rappeler le parc national du Colorado aux États-Unis avec ses falaises ocre parsemées de végétation. Je (Sandrine) n’ai presque pas d’énergie avec la chaleur, alors je décide de m’arrêter à l’ombre d’un arbre et d’attendre Pierrick qui va explorer un peu plus loin. Dans ce genre de situation, il est primordial de respecter ses limites. Maintenant, je lui laisse la plume (enfin le clavier ) pour qu’il vous raconte son expérience.

La suite de la randonnée est encore plus spectaculaire. Au bout d’un moment, je déambule au milieu de dômes de roche. C’est fou comme les formes créées par la nature sont parfois surprenantes. Puis je finis par arriver au bord du plateau et je surplombe le canyon. Je ne sais pas expliquer pourquoi, mais je suis toujours autant subjugué par ce type de paysage. La cascade est sèche, la saison des pluies étant déjà un lointain souvenir. Je suis seul et la nature semble comme figée sous mes yeux.

C’est drôle à dire, mais à ce moment précis, je me sens faible et vulnérable par rapport au monde qui m’entoure. Finalement, je ne connais pas grand-chose de la nature. Comment survivrais-je sur la planète sans toute la technologie, sans un supermarché pour faire mes courses… ? Je me rends compte que je dois reprendre racine et connexion avec notre environnement et abandonner progressivement toutes ces choses finalement si futiles qui m’ont fait perdre le sens de ma vie.

Dans ces cas-là, on perd un peu la notion du temps. Ton esprit vagabonde et fusionne avec le monde qui t’entoure. C’est comme une démultiplication de ses sens. Mais, une chose me ramène de mon inconscience. Sandrine m’attend et il n’est pas très prudent de rester séparé trop longtemps dans ce type d’environnement. Je refais donc le chemin en sens inverse et la retrouve en train de venir à ma rencontre. On n’a malheureusement pas pu faire cette randonnée en entier, mais c’est incontestablement une des meilleures que nous ayons faites en Australie !

L’événement imprévu…

De retour à la voiture, on décide de continuer par la Larapinta Drive pour rallier Alice Spring. La route devient, peu de temps après Kings Canyon, une piste non goudronnée, mais roulante. Cela nous permet de sortir des sentiers battus et par la même occasion de rejoindre plus rapidement le parc national de West Mac Donnell. Le début du parc étant à “seulement” 200 km par cette route. Les paysages que l’on traverse sont d’ailleurs magnifique !

La piste est un large chemin caillouteux en bon état. La vitesse de croisière est donc relativement élevée au alentour des 70 km/h. Pourtant, on croise une voiture arrêtée au bord de la piste sans doute en raison d’une crevaison. À notre passage, on recouvre les malheureux d’un nuage de poussière. Oui, mais voilà, ce qui devait arriver quand on prend trop d’assurance sur ce type de route, arrive. Au pied d’une petite montée, Pierrick est surpris par une tranchée remplie de cailloux. Il n’a pas beaucoup le temps de ralentir ce qui fait qu’on se prend le trou assez violemment.

Luritja road

Heureusement, la voiture ne semble pas avoir souffert alors on continue notre route, mais cette fois à une vitesse plus réduite. Pierrick me dit qu’on a eu de la chance, on aurait pu endommager un pneu. Puis, intuition, il décide tout de même de s’arrêter au bord de la route quelques kilomètres plus loin pour vérifier l’état des pneumatiques. C’est alors qu’il me dit que le pneu avant gauche est complètement à plat. Au début je crois à une blague, car il est assez coutumier du fait. Mais non, quand je descends du véhicule je ne peux que constater que c’est bien la triste réalité.

C’est la fin de journée et le soleil ne va pas tarder à se coucher. Du coup, on ne doit pas traîner pour éviter de se retrouver de nuit au bord de la route. C’est le genre de moment test en road-trip où tu dois garder ton calme et travailler en équipe. On n’a bien sûr pas pris d’assurance avec la voiture, donc on doit gérer seul la situation. On garde notre calme et on trouve sans difficulté les outils. Mais mauvaise nouvelle, nous avons seulement une galette et non une roue de secours. Le changement devra donc être temporaire et on devra si possible faire réparer le pneu ou le changer à la prochaine ville : Alice spring.

Le deuxième problème est de faire fonctionner un cric sur un sol sablonneux. On n’a rien pour constituer une surface dure au sol et je ne parviens pas à dévisser l’une des vis de la roue. Ce n’est pas gagné tout ça ! C’est là qu’intervient comme toujours le moment qui te fait aimer voyager, deux jeunes Australiens passent en sens inverse sur la route et ils nous apportent gentiment leur aide. Le conducteur vit à quelques heures d’ici et fait visiter les lieux à une jeune Australienne qui prend quelques mois pour visiter son propre pays. Non seulement le gars dévisse la vis récalcitrante (Pierrick en prend pour son égo dixit : « va falloir faire un peu de musculation … »), et il nous prête une planche en bois pour caler le cric. Si bien qu’en 5 minutes chrono le tout est réglé. On les remercie chaleureusement, avant de chercher un coin pour la nuit sur la route. Mais là tout de suite c’est un peu plus stressant, car on n’a pas le droit à une deuxième crevaison. Il faut donc rouler prudemment et être hyper vigilant, car on est encore à plus de 200 km de la prochaine ville : Alice Spring.

Luritja road

Notre avis

Incontestablement le parc national de Kings canyon ressemble aux paysages de l’Ouest américain ! On ne pouvait donc qu’adorer l’endroit qui nous rappelle les nombreuses semaines passées dans ce coin du monde. Mais, attention, avant de faire la route pour le parc pendant la saison chaude (de novembre à mars), mieux vaut s’assurer d’être en mesure de débuter la randonnée avant 9h sous peine de grosse déception à l’arrivée. Cette précaution prise, tu seras récompenser par de magnifiques paysages au contraste impressionnant. D’autant que l’endroit est encore peu touristique et permet donc de ressentir l’ambiance du désert australien.

Expérience :   
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