La Great Ocean Road est sans aucun doute une des routes les plus connues d’Australie, l’équivalent de la fameuse route 66 des États-Unis. Elle longe la côte au sud-ouest de Melbourne. L’attraction principale du coin est « Twelve Apostles ». Hé non, rien à voir avec un monastère ou un lieu de pèlerinage. Il s’agit simplement de l’œuvre de mère Nature qui a sculpté d’énormes rochers détachés de la falaise après des millions d’années d’érosion. Le revers de la médaille de cette popularité, c’est que l’endroit est très fréquenté et touristique.
Mais, la Great Ocean Road est longue de 300 km de Geelong jusqu’à Port Fairy. Ainsi, ses secrets ne s’arrêtent pas là, car ceux qui poussent jusqu’à Portland et Cape Bridgewater sont récompensés par une nature toujours aussi belle et bien moins fréquentée. On a beau dire, mais la magie d’un lieu est quelque peu altérée quand il est parcouru par plusieurs centaines de touristes. En tout cas, pour te faire ton propre avis, voilà nos impressions sur ce lieu mythique d’Australie.
Aireys Inlet
On commence notre exploration de la Great Ocean Road par un arrêt dans la ville d’Aireys Inlet en fin de journée. En cherchant à nous garer près du phare, on tombe par hasard sur la plage de Sandy Gully. Du haut de la falaise, l’endroit est magnifique. Les maisons situées au bord de la falaise font rêver, quoiqu’on aurait un peu peur qu’elles finissent dans l’océan avec l’érosion.
Attisés par la curiosité, on descend voir la plage d’un peu plus près. À l’extrémité, il y a des formations rocheuses qui font la joie de mon photographe en herbe. Puis, on remonte pour s’approcher du phare de Split Point, ce pour quoi on était venu au départ. On tombe vraiment sous le charme de cet endroit qui restera un de nos coins préférés de la Great Ocean Road pour la beauté des paysages et sa tranquillité ! Et dire qu’on ne pensait pas s’y arrêter au départ, cela aurait été dommage. Alors sans hésitation, on partage ce bon plan.
La difficulté de dormir gratuitement sur la Great Ocean Road
Lorsqu’on repart, le soleil s’est couché et la luminosité baisse très vite. Nous avons tout juste le temps de profiter du paysage de la route au bord de la falaise surplombant l’océan qu’il est temps pour nous de trouver un endroit pour dormir. La route comporte peu d’endroits où s’arrêter et le peu de lieux qui pourrait convenir est interdit. Il faut dire que la fréquentation des lieux est telle que cela deviendrait vite ingérable. Finalement, on finit au camping de Jamieson track un peu à l’écart dans la forêt. Les lieux sont tellement bondés qu’on a tout juste la place de garer notre voiture sur le bord du chemin. Après, c’est gratuit, calme et propre. On n’en demande pas tellement plus, car cela nous permet d’explorer la Great Ocean Road sur plusieurs jours.
La proximité des campements ne nous donne pas beaucoup d’intimité. Du coup, on est réveillé au petit matin par le bruit de nos voisins. Une pluie fine tombe sur le pare-brise. Une fois de retour sur la route principale, on constate que le ciel est tout gris. Comme ce n’est pas vraiment le temps idéal pour découvrir les « Twelve Apostles », on décide de faire un petit tour au parc national de Great Otway pour découvrir la forêt tropicale en attendant que le temps s’améliore.
Parc national de Great Otway
Le principal intérêt du parc national de Great Otway, ce sont ses chutes d’eau. On porte notre choix sur les « Triplet falls ». Pour s’y rendre, on décide d’emprunter un raccourci qui nous amène sur une étroite route non goudronnée serpentant dans la forêt tropicale. Au final, cela ne se révèle pas le chemin le plus court et on a bien cru se retrouver perdu au milieu de nulle part ! Une fois sur le parking des Triplets falls, une courte randonnée permet d’approcher les chutes.
Distance : 1.8km (boucle)
Durée : 1h
Difficulté : 1/5
La randonnée au milieu de la forêt tropicale donne le sentiment d’être revenu au temps des dinosaures. On se met à imaginer ces animaux déambuler au milieu de cette verdure. On débouche sur des plates-formes d’observation offrant un point de vue sur les trois chutes. La dernière est sans contexte la plus intéressante. Après est-ce qu’elle vaut le détour depuis la Great Ocean Road ? À vous de choisir en voyant les photos ! Par ailleurs, il est possible d’observer à la fin de la randonnée des reliques d’une ancienne exploitation à bois. Le tout manque un peu d’explication, mais c’est amusant d’observer la nature reprendre ses droits sur ces artefacts de la civilisation comme dans un film catastrophe.
À notre retour, la météo semble s’améliorer, il est donc temps de partir voir l’une des plus célèbres cartes postales d’Australie.
Parc national de Port Campbell
Twelve Apostles – Douze apôtres
À notre arrivée, on est tout de suite mis dans l’ambiance. Le parking est immense avec une foule de voitures, de bus et de touristes. On sait déjà qu’on ne va pas être seul dans les lieux. D’autant que l’endroit est très encadré avec un centre pour visiteurs (ou plutôt une boutique…) et des sentiers goudronnés ou des balustrades en bois. Autant dire qu’on n’a pas le sentiment d’être perdu en pleine nature. Au départ, on voulait venir pour le lever du soleil, mais le temps en a décidé autrement.
Pour autant, les lieux restent d’une exceptionnelle beauté. La formation des 12 Apôtres remonte à plusieurs dizaines de millions d’années. Ces tours de calcaire ont été isolées des falaises qui leur font face par l’érosion. Le vent et les forces de la nature continuent, aujourd’hui encore, de modeler ces formations rocheuses. Aussi, ne vous étonnez pas de n’en trouver que huit à votre arrivée : les autres se sont effondrées depuis la découverte du site.
Mais, comme souvent dans ces cas-là, on ne ressent rien… À slalomer entre les touristes et à se bousculer pour tous prendre la même photo, la magie des lieux n’opère pas. Alors, on ne peut s’empêcher d’être déçu. D’autant qu’on ne peut voir ces formations que depuis des points de vue aménagés, ne laissant aucune place à l’exploration. Bref pour résumer, c’est joli, mais voilà quoi…
Il est possible de descendre sur la plage pour admirer ces colosses de calcaire de plus près et plus tranquillement, mais la marée est haute à ce moment de la journée. On décide donc de partir explorer le reste du parc.
Loch Ard Gorge
À Loch Ard, l’érosion a réalisé un bras de mer à l’intérieur des terres entre les falaises calcaires. La gorge tire son nom du naufrage en 1878 d’un navire nommé Loch Ard venu de Grande-Bretagne. Deux personnes seulement survécurent à l’accident en trouvant justement refuge dans cette gorge. Des panneaux disséminés un peu partout dans les lieux permettent d’en apprendre un peu plus sur cette histoire.
La gorge est magnifique avec son eau turquoise et, hasard de la vie, lorsque nous arrivons, les lieux sont quasiment déserts. Alors nous pouvons profiter des lieux avec le seul bruit du vent et des vagues. La magie cette fois opère d’autant plus qu’il est possible de descendre sur la plage et se poser dans le sable.
De plus, cette fois les lieux proposent plusieurs sentiers pour explorer à sa guise cette partie de la côte. Alors, vous imaginez bien qu’on ne s’est pas fait prié. À peine sommes-nous revenus sur les hauteurs de la plage que la gorge se retrouve envahie de touristes. Chanceux vous avez dit…
Les environs de Loch Ard Gorge
Trois sentiers à thème permettent d’explorer les différentes facettes du parc avec sur chacun des panneaux explicatifs. Le premier permet de retracer l’histoire du naufrage du Loch Ard (1.4km aller-retour). Le deuxième explique les phénomènes naturels ayant conduit à la formation de la côte (900m aller-retour). Et enfin, le dernier aborde la faune et la flore qui peuplent cette partie de l’Australie. Cette partie du parc est plus agréable à découvrir que les « Twelve Apostles », car, même si elle reste fréquentée, son étendue et ses sentiers permettent d’avoir un peu de tranquillité.
Port Campbell
Un peu plus loin sur la Great Ocean road, il est possible de faire un détour pour visiter le village de Port Campbell. Celui-ci possède une jolie plage, mais ressemble à nos yeux à tous les villages côtiers d’Australie. On a donc fait le choix de zapper l’endroit.
The Arch
Depuis notre séjour dans l’Ouest américain, on a une attraction irrésistible pour tout ce qui se rapproche à une arche. Il faut dire que c’est assez photogénique. Alors, quand on voit un panneau indiquant une arche, on décide d’aller voir de quoi il retourne et on a bien fait ! En effet, non seulement la nature nous gratifie d’une belle arche, en bord de plage, entourée de végétation et balayée par l’océan. Mais en plus, nous sommes tout seuls en cette fin d’après-midi. La plupart des touristes ne semblent pas s’arrêter ici. À moins qu’en fin de journée, tout le monde soit déjà rentré à l’hôtel.
London Bridge
Pour terminer la journée, notre dernier arrêt est le « London Bridge ». Jusqu’en 2009, il s’agissait d’une double arche donnant l’impression d’un pont (traduction de « bridge » pour les allergiques à l’anglais ). Mais depuis, la première arche s’est effondrée. D’ailleurs, le jour où cela s’est produit deux touristes se sont retrouvés bloqués sur la nouvelle île. Ils ont dû être secourus en hélicoptère.
Même si aujourd’hui, il n’y a plus qu’une arche au milieu de l’océan, les lieux restent grandioses. Les falaises sculptées par l’érosion surplombent une grande plage de sable avec une eau d’un bleu toujours aussi incroyable. Sans conteste, notre coup de cœur de la journée. Et une fois n’est pas coutume, les lieux sont déserts à cette heure. Alors, nous passons de longues minutes assis au vent à simplement observer l’océan et les vagues dans ce décor de carte postale.
Direction Panmure… Une rencontre magique
C’est les jambes lourdes qu’on termine cette journée. Mais impossible de dormir sur place. Il nous faut encore parcourir quarante kilomètres sur la Great Ocean Road. Cette portion n’est pas particulièrement intéressante, car elle est plus en retrait de la côte. Puis, il faut emprunter une route secondaire sur 15km qui s’enfonce dans les terres pour rejoindre la ville de Panmure et son camping gratuit.
C’est alors qu’on aperçoit un animal sur le bord de la route. Pierrick pense à un gremlins alors que Sandrine penche plutôt pour un Shih tzu, ce petit chien poilu avec la tête ronde et le nez enfoncé. Pour en avoir le cœur net, on fait marche arrière et on a eut tous les deux tort. Il s’agit en réalité d’une maman koala qui porte son bébé sur le dos !!!! C’est juste incroyable ! Au départ, la maman, surprise, reste totalement statique, avant de remonter dans l’arbre. Que demander de mieux pour finir cette journée ?!
Réserve sauvage de Tower Hill
Notre premier arrêt pour cette seconde journée sur la Great Ocean road est Tower Hill. Il s’agit d’une réserve naturelle située dans le cratère d’un ancien volcan déclaré premier parc national de l’état de Victoria en 1892. Difficile de s’en rendre compte depuis le sol, mais le cratère est quand même impressionnant avec ces 4 km de diamètre et ces 80 m de profondeur. Cet espace protégé fournit un habitat naturel pour de nombreux animaux. D’ailleurs, dès notre arrivée, on s’amuse à observer les koalas endormis en haut des eucalyptus.
Plusieurs sentiers permettent d’arpenter la réserve et partir à la découverte de cet écosystème. C’est pour nous l’occasion de croiser une flopée de wallabies qui gambadent dans la forêt. Mais également de voir pour la première fois le fameux émeu d’Australie. L’émeu est une sorte d’autruche au plumage original pouvant atteindre deux mètres de haut. Contrairement à ce que pourrait laisser croire son plumage, l’émeu n’est pas capable de voler. Il sait en revanche se déplacer rapidement au sol jusqu’à une vitesse de 55 km/h.
Cette réserve est une bonne surprise d’une part, car elle constitue un excellent endroit pour observer les animaux locaux dans leur milieu naturel. Puis d’autre part, les lieux semblent boudés par le tourisme de masse, ce qui lui permet de garder son ambiance originale.
Port Fairy
Un peu plus loin, on décide de s’arrêter dans le village de Port Fairy pour pique-niquer. Ce village de pêcheurs à un charme indéniable en raison de la rivière qui le traverse. C’est une véritable carte postale avec les bateaux amarrés et les cottages colorés munis de leur propre ponton. En tout cas, c’est particulièrement relaxant de se balader sur le port et le long de la rivière avant de reprendre la route direction Portland.
La plupart des touristes poursuivent leur chemin sur la Princes highway jusqu’à Adélaïde. De notre côté, on a décidé de prendre le temps de découvrir cet endroit.
Cape Nelson
À proximité de la ville de Portland, au bout de la péninsule, se trouve le Cape Nelson. L’intérêt de ce Cape, c’est son phare et sa maisonnette blanche et rouge au bord de la falaise. Des sentiers longent la côte, mais pour notre part, on se contente des alentours du phare.
Cape Bridgewater
On finit notre découverte de la Great Ocean road et de la côte de l’état du Victoria par le Cape Bridgewater. Ce promontoire sauvage, offre plusieurs points d’intérêts ayant attisé notre curiosité.
La forêt pétrifiée
Contrairement à ce que le nom pourrait laisser penser, il ne s’agit pas d’arbres pétrifiés. Enfin, tout du moins, il n’y a pas encore de consensus scientifique pour expliquer la formation de ces rochers en forme de tube regroupés sur plusieurs centaines de mètres. Certains pensent que c’est l’érosion, d’autres des dunes de sable qui auraient recouvert une ancienne forêt tropicale et avec le temps qui se seraient solidifiées, ou bien encore à des concrétions sous-marines. Bref, l’origine de ces formations ne fait pas encore consensus, mais cela reste quand même intrigant à voir. Surtout qu’on a la chance de les observer sous la lumière du soleil couchant.
Point de vue sur un Blowhole
Un point de vue sur la péninsule de Cape Bridgewater permet d’observer un blowhole quand les conditions sont réunies. Qu’est-ce qu’un blowhole me direz-vous ? Eh bien, un blowhole est une caverne creusée par la mer avec un conduit remontant à la surface. De ce conduit jaillira un jet d’eau si toutes les conditions sont réunies (météo, marée, etc.). Malheureusement pour nous, c’est marée basse alors nous n’aurons pas la chance d’observer le phénomène.
La plage de Shelly
Impossible de rater cette immense plage désertique de sable clair du Cape Bridgewater idéal pour le surf et la baignade. Il parait qu’il est possible d’observer des otaries se faire dorer la pilule sur la plage. Mais, comme le soleil est déjà couché, on ne traine pas. On a repéré un sentier au bord de la route qui surplombe la plage, alors on s’y aventure en espérant trouver un endroit adapté pour la nuit. C’est le bon plan, car on y découvrir un petit parking de terre caché derrière les broussailles. On partage notre dernière nuit sur la Great Ocean Road avec un autre camping-car dans ce petit paradis caché.
Notre avis
On était venu sur la Great Ocean Road pour l’attraction touristique nº1 : les « Twelve Apostles ». Mais, comme bien souvent depuis le début de notre voyage, l’attraction principale nous a laissés de marbre. Totalement dénaturée par le tourisme de masse et ne laissant plus aucune place à la liberté, en raison, il faut bien le dire, du comportement négligeant de nombreux touristes par le passé.
On recherche désormais des expériences plus authentiques. Un contact plus simple et direct avec mère Nature et pour cela la solitude devient primordiale. Car s’immerger dans la nature, c’est aussi s’émerveiller du bruit des vagues, du souffle du vent sur son visage ou se faire réveiller au son d’un oiseau… Notre philosophie est en train de changer et le sens de notre voyage évolue. Heureusement, la Great Ocean Road garde encore certains secrets qui valent le détour.
Prochainement, on se retrouve dans l’Outback australien pour s’immerger dans ce qui donne cette identité si particulière à l’Australie.
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