Tunnel creek

Après 5 jours de rêve passés à explorer le parc national de Purnululu (voir nos articles : Exploration féérique des Bungle Bungle dans le parc national Purnululu et Randonner à l’ombre des palmiers dans les canyons de Purnululu), on se lance un autre défi : traverser la région des Kimberley par la célèbre piste d’outback de la Gibb River. Les Kimberley sont l’une des dernières grandes régions totalement sauvages sur terre. Ici la nature règne en maître !

Pour atteindre cette piste, plutôt que de rouler des centaines de kilomètres jusqu’au village de Derby, on décide de prendre le raccourci de la piste de Fairfield Leopold Downs. C’est en plus l’occasion de visiter en chemin le parc national de Tunnel Creek.

La piste de Fairfield Leopold Downs

Après la monotonie du bitume de la highway, on retrouve avec plaisir la piste de Fairfield Leopold Downs. On est quand même surpris de l’état de la piste, car même s’il y a bien quelques zones de tôle ondulée et des ruisseaux à traverser, celle-ci reste globalement en assez bon état. On s’attendait à bien pire pour une piste ouverte seulement en saison sèche et uniquement recommandée aux véhicules 4×4. Quelques baobabs sur le bord de la piste lui donne même un certains charme.

Sur une piste aussi étroite, on croise même un road-train, un de ces immenses camions traînant plusieurs remorques derrière eux. À son passage, il nous plonge plusieurs secondes dans la poussière. Cela nous oblige à quasiment nous arrêter, car on ne voit strictement plus rien. On se demande bien comment il a fait pour traverser les cuvettes des ruisseaux ??

Parc national de Tunnel Creek

Après 70 km de piste, on arrive à l’entrée du parc national de Tunnel Creek. L’unique point d’intérêt de l’endroit est un tunnel naturel long de 1 km creusé par une rivière dans la roche. À cette heure matinale, il n’y a pas foule sur le parking. On va donc pouvoir explorer les lieux tranquillement. On accède rapidement à l’entrée du tunnel et pour continuer il n’y a pas d’autre choix que de mettre les pieds à l’eau. C’est vraiment le fun d’explorer librement ce type d’endroit perdu au milieu de nulle part. On observe des stalactites au plafond de la grotte par endroit.

Au milieu du tunnel, il est nécessaire de traverser une première fois la rivière. Une autre personne en train de traverser nous interpelle, mais on n’entend pas ce qu’elle nous dit. On a juste perçu le mot « crocodile », mais comme on ne voit rien dans les alentours on n’y prête pas plus d’attention pensant qu’elle a juste peur d’en croiser un. Et puis, il n’y a pas de recommandation particulière sur le sujet au départ du sentier. Sinon, la traversée est facile à cet endroit, car l’eau est peu profonde. On prend même le temps de faire quelques photos dans l’eau. De l’autre côté, on se retrouve dans un immense trou formé dans le tunnel qui inonde l’endroit de lumière.

Tunnel creek

Pour la deuxième traversée, c’est une autre histoire. L’endroit est sombre et on ne voit pas vraiment ce qu’il y a dans l’eau. J’avoue qu’on a un moment d’hésitation, mais comme le bout du tunnel n’est plus qu’à quelques mètres, on se lance. L’eau est plus profonde et nous arrive jusqu’au genou. On se jette à l’eau et atteint de l’autre côté un lit de sable qui longe la rivière. On ne porte pas vraiment d’attention au fait qu’il n’y a plus personne devant nous dans la pénombre du tunnel. On va vite comprendre pourquoi !

Tunnel creek

Rencontre inattendue

Comme à mon habitude, je (Pierrick) profite des lieux nonchalamment pour prendre des photos et m’avance en direction d’un tronc d’arbre mort. Soudainement, alors que je suis à peine à deux mètres de l’objet, celui-ci se met à bouger. Surpris, je pousse un grand cri. Je réalise que le tronc d’arbre est en réalité un crocodile qui me passe juste sous le nez pour retourner dans l’eau de la rivière. Inutile de te dire que je ne suis jamais revenu aussi vite sur mes pas qu’à ce moment précis ! Il me faudra bien quelques minutes pour retrouver mon calme.

Alors certes, c’est un crocodile d’eau douce et c’est moins dangereux qu’un crocodile d’eau salée (qui contrairement à ce que laisse penser son nom, ne vit pas que dans les eaux salées). Mais c’est quand même une belle frayeur ! Déjà, sur le coup tu n’as pas trop le temps d’analyser de quel type de crocodile il s’agit. Et puis, la bestiole fait quand même 1m50 et sa mâchoire n’est pas juste là pour faire des bisous ! D’autant que le crocodile a été autant surpris que moi et à quelques mètres près, je me retrouvais entre lui et la rivière

Tunnel creek

Vu qu’on est là, on décide quand même de profiter de la fin du tunnel, mais l’endroit n’est pas exceptionnel et ne valait pas le risque pris. Les quelques personnes qui arrivent un peu plus tard et qui ont entendu le cri demandent ce qu’il s’est passé. On est alors assez surpris de voir que les gens minimisent la dangerosité de ces animaux dixit « Ah c’était juste un crocodile d’eau douce, ça va, hier on a balancé des bâtons sur un crocodile et il n’a pas bougé, il a juste ronflé ». Bon, déjà on ne cautionne pas du tout ce genre de comportement avec les animaux, mais en plus il faut juste se souvenir que si les crocodiles existent depuis des millions d’années, avant même que l’homme apparaisse sur terre, c’est bien pour une raison…

Maintenant… il faut revenir…

Maintenant qu’on est au fond du tunnel, il faut bien qu’on revienne sur nos pas. Et qui dit revenir sur nos pas, dit traverser de nouveau la rivière. Tu sais celle de tout à l’heure où on ne voyait pas grand chose et où l’eau nous arrivait jusqu’aux genoux. La même qu’on a traversé un peu inconsciemment et qu’on doit retraverser avec un crocodile dans l’eau!

On a carrément le trouillomètre à zéro. Dans notre grand courage, on laisse passer devant les personnes qui pensent qu’un crocodile d’eau douce est une peluche pour enfant. On suit en faisant le maximum pour éclairer l’eau et s’assurer qu’il n’y a rien dans un rayon de 2-3 mètres. Je ne sais pas pourquoi, mais la traversée du retour a été beaucoup plus rapide que celle de l’aller !

Après cette mésaventure, on est surpris d’avoir des bouchons pour sortir du tunnel. La tranquillité du petit matin a laissé place à une horde de touristes. C’est plus de 30 personnes à la queue leu leu qu’on croise. Plus rien à voir avec l’ambiance d’une heure auparavant. Là-dessus, on se rend à notre prochaine destination : le parc national de Windjana Gorge pour cette fois observer les crocodiles, mais de loin  !

Notre avis

Le parc national de Tunnel creek se résume à la randonnée dans Tunnel creek. L’expérience de randonner en toute liberté dans un tel environnement est sympathique même si cela n’a rien d’exceptionnel. Il ne faut pas plus d’une ou deux heures pour effectuer l’aller-retour. Sans le Holiday Pass, l’entrée du parc (13$) est un peu chère par rapport à ce seul intérêt que le parc a à offrir. Si tu passes dans le coin, c’est un arrêt sympa, sinon on n’aurait pas fait des kilomètres pour ça

On a été surpris du nombre de touristes sur place contrairement à l’image vendue très isolée et désertique des Kimberley. Il faut dire que le parc national de Tunnel Creek fait partie des circuits touristiques de la région avec ces fameux autocars 4×4. On recommanderait donc de venir plutôt en début ou fin de journée pour profiter de la tranquillité des lieux. Mais dans tous les cas, attention aux crocos !

Si ton but est justement de voir des crocos, alors vas au parc national de Windjana Gorge ! Là-bas, tu devrais être servi !

Expérience :   
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