Silverton

Dans cet article, on plonge dans l’histoire moderne de l’Australie et de sa colonisation par les Britanniques à travers deux villes minières de l’Outback australien: Broken Hill et Silverton. Il y a seulement deux siècles, les colons européens ont débarqué sur cette immense terre sauvage peuplée par les Aborigènes. Ils ont alors établi de grandes exploitations fermières, notamment pour la production de laine de mouton.

La découverte de minéraux précieux dans le sous-sol australien (or, argent, opale et diamant) a également provoqué une ruée dans des zones plus reculées de l’Australie et l’apparition de nouvelles villes. Certaines de ces villes ont disparu aussi vite qu’elles ont émergé une fois la source de minerais tarie. C’est par exemple le cas du village fantôme de Silverton. Alors que d’autres villes continuent de se développer avec les mines à ciel ouvert comme la ville de Broken Hill.

La ville de Broken Hill

Broken Hill est une ville au milieu de l’outback australien. Elle se situe à plus de 1160 km à l’ouest de Sydney, à la limite avec l’état du South Australia. D’ailleurs, cette position géographique est source de conflits, car la ville se revendique de l’état du South Australia. Ainsi, elle a choisi d’adopter le fuseau horaire de l’état du South Australia. Il y a donc 1h de moins qu’à Sydney. C’est sûr qu’il est difficile d’imaginer que les intérêts de cette ville sont correctement défendus par un état archi dominé par la métropole de Sydney et dont les enjeux sont bien différents. La ressource en eau est un problème majeur dans ce coin désertique de l’Australie.

Cette ville prospère grâce aux exploitations minières des environs. Elle doit justement son nom (littéralement “la colline brisée”) à une colline riche en minerais d’argent, de cuivre et de plomb qui est exploitée. Les mines continuent donc à faire travailler et vivre toute la ville. Après, la ville de Broken Hill n’a rien de spécial en soi. Elle ressemble à beaucoup d’autres villes australiennes avec ses grandes surfaces, ses maisons de banlieue, etc. On en oublierait presque qu’on est dans l’outback. Pour nous, c’est l’occasion d’un arrêt pour faire nos courses alimentaires et profiter d’un accès à internet. On va passer quelques jours dans les environs.

Bush camp

Bush camp près de SilvertonPour dormir gratuitement dans les environs, il n’y a pas fioriture de solutions. On décide de camper à quelques kilomètres du village de Silverton au bord du lit d’une rivière asséchée au milieu du bush australien. Dormir à quelques pas d’une ville fantôme rend les lieux un peu étranges, voire flippants. Toutefois, on ne sera pas réveillé par les spectres des mineurs disparus.

Village fantôme de Silverton

Ce village a été à son apogée dans les années 1880 à 1900 avec la mine se trouvant à proximité. Au fur et à mesure que les travailleurs ont débarqué, le village s’est développé avec des écoles, des commerces et des lieux de loisirs. Puis, l’épuisement du gisement a conduit à la fermeture de la mine. Ce qui a marqué le début de l’exode de la population vers Broken Hill. Même si la ville est souvent présentée comme une ville fantôme, elle reste encore aujourd’hui habitée par une cinquantaine d’irréductibles villageois. Le village s’est reconverti peu à peu vers le tourisme avec ses bâtiments historiques.

Aujourd’hui, on peut donc observer les bâtiments d’époque avec notamment un hôtel, une église et une prison. La ville a également attiré pas mal d’artistes de la région avec la création de galeries d’art. Un habitant a même construit un musée en hommage au film Mad Max qui a été tourné dans les parages. On peut donc observer plein d’objets dont des voitures ayant servi au tournage du film. Tout cela confère à l’endroit un certain charme. Le village qu’on pourrait imaginer totalement laissé à l’abandon usurpe donc un peu la dénomination de ville fantôme.

Le point de vue de Mundi Mundi

À quelques kilomètres au nord de Silverton se trouve un point de vue nommé Mundi Mundi. Du haut de la colline, on a un panorama sur l’immense terrain plat des plaines de Mundi Mundi. On voit tellement loin qu’on perçoit la forme courbée de la terre. C’est ce genre d’endroit qui fait réaliser l’immensité de l’Australie.

Point de vue Mundi Mundi

Day Dream mine

Sur le chemin du retour, on s’arrête devant le portail d’accès à la mine de Day Dream ayant permis au village de Silverton d’exister. Le nom de la mine traduit bien la rapidité avec laquelle elle a émergé et s’est arrêtée. Un homme nous indique qu’on est autorisé à s’approcher des lieux, alors on ouvre le portail et on parcoure la piste poussiéreuse jusqu’à la mine.

Day Dream mineUne fois sur place, pas de gigantesque mine à ciel ouvert comme c’est le cas aujourd’hui, mais une maisonnette avec deux chevaux attelés en façade. On a l’impression d’avoir fait un bond dans le passé. Il est possible de descendre découvrir la mine sous terre par l’intermédiaire d’un tour. Mais notre budget ne nous autorise plus d’extra, alors on se contente sur invitation à pénétrer dans la maisonnette. Des photographies et des objets sur la mine sont exposés.

Le gérant, passionné, nous apporte plein d’explications sur la mine, qui est en fait une mine de charbon comme à Saint-Étienne. D’ailleurs, il est étonné de découvrir que des mines ont existé en France. On se lance dans une longue discussion qui nous fait prendre conscience des efforts physiques exceptionnels que devaient mettre en œuvre les mineurs. On s’essaie même à soulever des outils et des morceaux de charbon. Il est clair que cet environnement de travail dangereux débouchait souvent sur des accidents mortels.

Ressources en eau

Mais la ressource la plus convoitée aujourd’hui dans ce coin de l’Australie n’est plus l’or, l’argent ou tout autre minerai, mais l’eau ! Pendant notre voyage, on a eu l’occasion d’échanger avec quelques Australiens sur ce problème d’approvisionnement en eau de la région. Pour te donner une idée, le problème est tel que par exemple l’approvisionnement en eau du village de Silverton n’est plus garanti. Des containers d’eau sont désormais amenés pour couvrir leur besoin en eau. Chez de nombreuses personnes, on sent la colère contre le gouvernement du New South Wales par rapport à ces problèmes. On comprend vite pourquoi la ville de Broken Hill veut faire sécession. Cette région est pour nous l’exemple flagrant des limites de vouloir construire des villes dans des zones finalement si peu propices à la vie humaine.

Notre avis

La région de Broken Hill et de Silverton sont clairement hors des sentiers battus touristiques, mais méritent le détour pour en apprendre un peu plus sur l’histoire coloniale de l’Australie et ses exploitations minières. Cette région permet également de mettre le doigt sur le défi du 21e siècle qui attend l’Australie, à savoir sa gestion de l’eau.

Expérience :   
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